Moyen-métrage en français. Comique. Une journée mouvementée dans un village plutôt calme.

Extraits d’une demande d’aide à la Fondation Beaumarchais:

Sujet

La Fin Du Monde (Ou Presque) est une comédie tendre. Les personnages ne sont pas méchants, ils sont bêtes. Bêtes comme nous tous. Même si on habite une grande ville, on peut se reconnaître dans le monde de ce petit village où rien ne se passe et où rien ne marche. Ils sont tous désespérés, à l’exception peut-être de ce voyageur mystérieux qui vient d’ailleurs et va y retourner, à pied. Je ne dénonce rien, si ce n’est la condition humaine. J’invite à sourire, c’est tout. Il faut avoir le désespoir gai.

Traitement

Rien de révolutionnaire ici non plus. Tout au plus une certaine exigence : rien de spectaculaire, un rythme lent, pas d’effets spéciaux, un singulier manque d’explosions et de paillettes. Juste des acteurs qui parlent entre eux.

L’immobilisme général va être capté en plans fixes. La caméra ne va pas bouger, ce sont les personnages qui vont se déplacer, entrer et sortir du champ. Ce cadre fixe va me permettre de composer soigneusement chaque image – sinon je risque de m’embrouiller. Le peu de mouvement qu’il y a sera d’autant plus dynamique.

Un chat qui traverse un square de village, des gens qui attendent sur un quai de gare où aucun train n’arrive – ça, c’est du suspense, non ?

Les acteurs comprendront l’humour pince-sans-rire et n’en feront pas des tonnes. Il n’y aura pas de vedettes, que des acteurs abonnés aux seconds rôles, avec des « gueules », des acteurs qui éprouvent du plaisir à jouer.

Profession de foi

Oui, je sais bien qu’on ne doit pas demander à un spectateur d’aujourd’hui de se concentrer pour plus de deux minutes. Je sais bien qu’aujourd’hui un court-métrage ne doit pas dépasser cinq minutes : au-delà ce n’est plus rentable. Donc commercialement parlant ce film ne vaut pas un clou. C’est pour cela que je vous demande de l’aide.

J’ai essayé de faire court mais j’ai raté mon coup. Je ne peux même pas me défendre en disant que je parle de choses sérieuses. J’en parle, oui, mais de façon un peu décalée, distanciée, légère. Ce que je raconte n’est pas très sérieux. J’assume mes erreurs : je me suis mis à écrire, sans me poser de questions, et c’est ça qui en est sorti.

Mais moi, ça me plaît comme ça, alors je me dis que ça devrait plaire à d’autres aussi…

Je sais bien aussi qu’on ne prête qu’aux riches. Mais pourquoi aider un projet qui a toutes ses chances de trouver un producteur, alors que vous pourriez aider le mien qui n’en a aucun ?

 

Extrait:

INT CHAMBRE JOUR

Claudette est maintenant assise dans le lit. Elle regarde droit devant elle. Maurice est toujours couché sur le dos à côté d’elle, les yeux ouverts lui aussi.

 

CLAUDETTE

Je ne sais pas quoi dire.

MAURICE

Quoi ?

CLAUDETTE

J’ai dit je ne sais pas quoi dire.

MAURICE

Ben… dis rien alors.

CLAUDETTE

Oui.

MAURICE

A quoi bon dire « je ne sais pas quoi dire » ?

 

CLAUDETTE

Je ne sais pas… Mais alors… à quoi bon dire « à quoi bon dire je ne sais pas quoi dire ? » ?

MAURICE

T’as raison. Quoique… ça fait passer le temps.

CLAUDETTE

Il passerait de toute manière. A quoi bon se poser des questions ?

Maurice réfléchit un moment.

MAURICE

Ça fait un peu de conversation.

CLAUDETTE

Mais à quoi bon ? Il y a des questions qu’il vaut mieux ne pas se poser.

MAURICE

Sans doute.

CLAUDETTE

Sinon ça peut mener loin.

MAURICE

Oh oui.

CLAUDETTE

Sinon ça va être « A quoi bon se lever le matin ? »

MAURICE

Ben, je me le demande parfois.

CLAUDETTE

Faut pas, justement.

MAURICE

Faut pas ?

CLAUDETTE

Faut pas. Sinon après ce sera « A quoi bon travailler ? » « A quoi bon manger ? »

MAURICE

Ben oui.

CLAUDETTE

Et ça finira par « A quoi bon vivre ? »

MAURICE

Ben oui.

CLAUDETTE

Alors tu vois…

MAURICE

Je vois.

Ils restent silencieux un moment.

CLAUDETTE

Ça va bien, toi ?

MAURICE

Ça ira. Et toi ?

CLAUDETTE

Pas trop mal.