La lecture de « Bodies » de James Saunders prévue le 2 novembre 2017 à 17h15 dans le cadre de Scènes sur Seine à la Gare au Théâtre est reportée et remplacée par une deuxième lecture d’Un Bon Petit Soldat.

Bodies est une pièce de James Saunders, créée en France par Laurent Terzieff sous le titre La Guérison Américaine.

Deux couples se revoient pour la première fois depuis neuf ans. Précédemment chacun a eu une liaison amoureuse avec le partenaire de l’autre. Dans l’intervalle, l’un des couples a suivi une thérapie aux Etats Unis. Ils reviennent maintenant « guéris » de leurs névroses. La soirée chez l’autre couple va les mettre à l’épreuve et les engager malgré eux dans un débat sur le sens de la vie et la fonction de l’art.

L’adaptation toute récente de Dominique Hollier est fluide et moderne. J’ai pratiqué quelques coupes légères pour rendre la pièce plus nerveuse et plus tendue.

Alternant dialogues et adresse directe au public, la pièce de Saunders pose des questions sur le sens que l’on veut donner à sa vie.

David et Hélène se prononcent « guéris » de leurs névroses et paraissent effectivement plus calmes, plus posés, plus satisfaits que Mervyn et Anne. Ils vivent dans leurs corps, dans le « ici et maintenant », sans rien demander de plus. Mais est-ce vraiment si souhaitable ? A travers le questionnement que Mervyn essaie de formuler en cherchant son inspiration dans le whiskey pendant tout le deuxième acte, Saunders pose des questions fondamentales : qu’est-ce qu’on cherche dans le couple ? Qu’est-ce que l’amour ? Qu’est-ce que l’art ? Est-ce que nos valeurs ont un sens ? Pourquoi chercher un sens à la vie ?

Les questions que pose cette pièce m’interrogent doublement : en tant qu’homme de théâtre et en tant qu’homme tout court.

En tant qu’homme de théâtre je suis frappé par des résonances particulières. David et Hélène prétendent vivre dans le « ici et maintenant ». C’est exactement ce que j’ai l’habitude de demander à mes comédiens : d’être « dans le moment », de jouer au temps présent et non pas au passé en résumant ce qu’ils pensent du personnage. Souvent les acteurs proposent un jeu où tout est prédéterminé, où les émotions ont déjà été vécues, les décisions prises… Je leur demande de découvrir leurs émotions dans la scène, de réaliser ce qui leur arrive à chaque moment et de prendre leurs décisions en direct. C’est ce qui capte l’attention du spectateur, l’aide à comprendre et/ou à s’identifier avec les personnages et rend le spectacle vivant.

Mais je cherche aussi autre chose. Au-delà des mots et des corps, je cherche quelque chose qui émane des acteurs presque malgré eux, qui se nourrit de l’attention que leur prête le public, s’amplifie et crée une sorte de communion entre les acteurs et les personnes présentes dans la salle. Cette chose est impossible à définir mais disons qu’il s’agit de la dimension spirituelle du théâtre.

Les mots restent vagues, nous parlons d’un art, non pas d’une science exacte mais en focalisant l’attention de toute une salle sur quelques personnages fictifs sur scène nous arrivons parfois à rassembler les émotions, les désirs, les aspirations, les rêves de toutes ces personnes et de les cristalliser, de les réaliser, de leur donner une forme concrète dans l’histoire que nous racontons.

Ce n’est pas par hasard que ma compagnie s’appelle Corps et Âme. Par le biais du théâtre, à travers le travail concret des comédiens, je cherche à faire voir l’invisible et dire l’indicible. Je n’ai pas de croyance religieuse, pas de message à délivrer, pas de solutions à proposer, j’invite simplement les spectateurs à participer à une expérience commune et à explorer avec moi, avec les acteurs, les terres inconnues de ce qu’on appelle – faute de termes plus précis – l’âme humaine. Chacun pourra en tirer des conclusions différentes mais nous aurons partagé cette expérience, senti une communauté, vécu ensemble les tristesses et les joies de l’existence humaine.

La pièce de Saunders, sous ses faux airs de comédie bourgeoise, pose des questions essentielles. Qu’est-ce qu’on peut espérer de la vie ? Quelles sont nos vraies valeurs ? A quel point sommes-nous dupes des attentes et des envies factices de la société dans laquelle nous vivons ? Quelle valeur a une œuvre artistique ? Quelle valeur a une vie ? Quel sens peut-on donner à sa vie ? Est-ce que la vie a un sens ? Est-ce que nos ambitions, nos aspirations, nos amours donnent un sens à la vie ou ne sont-elles que l’expression de nos névroses ? Est-ce qu’il vaut mieux renoncer à la recherche du sens pour vivre heureux ?

Chacun répondra à ses questions comme il l’entend. Nous avons juste l’ambition de les poser plus clairement grâce au conflit d’idées et de personnalités présenté dans la pièce.

Dominique Hollier (Anne)

Dominique Hollier aborde le théâtre en tant que comédienne avec la compagnie Laurent Terzieff, avec qui elle joue Saunders (Ce que voit Fox), Pirandello, Mrozek, Asmussen, David Hare (Mon Lit en Zinc). Elle joue aussi avec d’autres compagnies, des textes d’Eugène Durif (L’Arbre de Jonas), Maryse Pelletier, Frank Bertrand, J-M Benet y Jornet, Robert Angebaud, Céline Champinot. Elle joue à Glasgow et à Edimbourg le rôle de Simone Signoret dans une pièce de Sue Glover, Marilyn, et crée au Théâtre des Halles d’Avignon la pièce de Naomi Wallace La carte du Temps dans une mise en scène de Roland Timsit. Elle a traduit plus de 70 pièces, dont celles de Don DeLillo, Caryl Churchill, Muray Shisgall, JP Shanley (Doute), Michael Frayn (Démocratie), Ariel Dorfman, Sean O’Casey, David Mamet ainsi que les pièces de Ronald Harwood, (dont Temps contre Temps, À Torts et à Raisons, et L’Habilleur qui lui ont valu trois nominations aux Molières en 1993, 2000 et 2010). Elle participe activement aux travaux du Comité Anglophone de la Maison Antoine Vitez, Centre de la Traduction Théâtrale, et s’attache à traduire et faire découvrir les nouvelles écritures britanniques et américaines: Joe Penhall, Gregory Burke, Zinnie Harris, Naomi Wallace (Une Puce,(épargnez-la), Au cœur de l’Amérique, Au Pont de Pope Lick, La Carte du Temps…), Simon Stephens (nommée aux Molières pour Harper Reagan en 2011) Rajiv Joseph, David Greig (Lune Jaune, Le Monstre du Couloir, Nuit d’Eté) etc…

Sacha Petronijevic (Mervyn)

Formé à l’Atelier International de Théâtre Blanche Salant et Paul Weaver ainsi qu’au Conservatoire National d’Art Dramatique en Serbie, il y débute en tant que comédien, à Krusevac et à Belgrade, où il joue dans une trentaine de pieces. En 1999 Sacha arrive en France avec le spectacle Penthésilée de Kleist. S’en suivent de nombreuses productions (collaborations avec Sylvain Ledda, Jean-Luc Jeener, Mitch Hooper, Jacques Décombe, Anne Coutureau, Ned Grujic, Yann Reuzeau, Gilles Langlois) dans les theatres parisiens (La Tempête, Théâtre Michel, Théâtre des Mathurins, Le Lucernaire, La Manufacture Des Abbesses). Il a tourné dans Sur ta joue ennemie (2008) de Jean-Xavier de Lestrade, Le Premier Homme de Gianni Amelio (2012), Mea Culpa de Fred Cavayé (2014), Samba d’Olivier Nakache et Eric Toledano (2014), Il Nous Reste La Nuit (2015) de Naël Marandin. En tant que traducteur il a traduit la pièce “La Famille Endeuillée” du célèbre dramaturge serbe Branislav Nusic qui s’est jouée, fin 2013, au Théâtre 13 à Paris sous le titre “Les (Dés)Heritiers”.

Xavier Béja (David)

Formé au Conservatoire National Supérieur d’Art Dramatique, Xavier Béja a travaillé sous la direction de Sophie Loucachevsky, Matthias Langhoff, Jean-Pierre Andréani, Adel Hakim, Philippe Minyana, Robert Cantarella, Michel Cerda, Gérard Abela, Etienne Bierry, Stéphanie Loïk, Didier Ruiz, Michel Cochet… Il a joué Molière, Marivaux, Musset, Hugo, Brecht, Maeterlinck, Genet, mais aussi de nombreux auteurs contemporains, Botho Strauss, Duras, Valletti, Lagarce, Minyana, Greig, Spycher… Il est membre du Collectif « A Mots Découverts », qui contribue à l’émergence de l’écriture contemporaine. Il a travaillé pour la télévision avec Gérard Marx, Gérard Vergez, Gérard Poitou-Weber, et pour le cinéma avec Arnaud Desplechin et Anne Le Ny. En 2005, il crée la Compagnie Théâtre en Fusion, signe la mise en scène d’ « Inconnu à cette adresse » de Kressmann Taylor au Local, spectacle dans lequel il joue également, repris en 2006 au Lucernaire puis en 2008, ainsi qu’en tournée, et représenté plus de 400 fois. Il a mis en espace et joué plusieurs spectacles musicaux, dont « L’Histoire du Soldat », « Casse-Noisette », « Correspondances », « La Boîte à Joujoux et L’Apprenti-Sorcier » à la Médiathèque d’Enghien et au Conservatoire de Narbonne, ainsi que « Pouchkine-Traversée » à l’Opéra de Lille, l’Opéra de Tours, l’Opéra de Nancy, et au Festival DIVA (Cartoucherie, Théâtre de l’Epée de Bois). En 2014, il joue au Lucernaire « Le Tireur occidental » de William Pellier, mis en scène par Michel Cochet. Il participe à de nombreux doublages de films et séries, et une quinzaine de livres-audio. Il reçoit en 2012 le Prix du Public du Livre-audio pour « Le Rire, essai sur la signification du comique » d’Henri Bergson.

Nathalie LUCAS(Hélène)

Après l’Ecole Claude Mathieu, elle interprète au théâtre des rôles du répertoire

classique et contemporain, mis en scène notamment par Anne Coutureau, Jean-Louis Levasseur, Jean-Michel Adam, Céline Brunelle, Carlotta Clerici, Manon Montel, Anthony Magnier…

Au cinéma, elle tourne sous la direction d’Eric Bu, Fabien Gazanhes, Pierre-Erwan Guillaume, Gilles Vidal, Arnaud Legoff…

Elle tourne régulièrement avec Elephant at Work, pour le compte de la marque

Renault, dans des films d’entreprises, notamment.

Son travail autour de la voix, l’amène à explorer des horizons divers tels le chant (lyrique et variété) et la voix-off.

Elle participe à l’aventure de l’Antre aux Livres (lectures à haute voix) depuis 1998.

Elle joue dans « Une Maison de poupée » de Ibsen, mis en scène par Philippe Person, au Lucernaire et Avignon Off 2017. Elle a joué récemment « Andromaque » de Racine, mis en scène par Anthony Magnier, en tournée et à Avignon

Son site: www.nathalielucas.fr