Adieu donc, 2020, tu ne vas pas nous manquer. La tradition veut que chaque janvier je fasse un bilan de l’année précédente et quémande un peu d’argent pour les activités de la compagnie Body and Soul pour l’année à venir, tout en proposant quelques généralités sur l’état du monde en général et du théâtre en particulier. Cette année, où le théâtre a plus que jamais besoin d’être défendu, je vais prendre le temps d’expliquer pourquoi je pense que le théâtre est essentiel dans un document à part, et me contenter ici de quelques nouvelles de la compagnie.

Les représentations parisiennes d’Un Bon Petit Soldat ont été reportées trois fois et on ne sait pas aujourd’hui quand on pourra le jouer. Les dates de tournée ont également sans cesse été repoussées. Les acteurs sont prêts et ne demandent qu’à jouer. Le Théâtre de L’Epée de Bois nous soutient et veut nous donner notre chance de trouver une salle qui pourra nous accueillir plus longuement, car je veux que ce spectacle soit vu. Cette pièce parle de notre société et s’adresse à tout le monde. Je ne veux pas la voir rangée dans une case de « spectacle utile » ou « théâtre pour jeunes en zones sensibles ». Nous sommes tous en zone sensible maintenant. Si les théâtres restent fermés, il faudra jouer ailleurs. On pourra l’adapter pour jouer en appartement. Ou aller là où on a le droit de s’assembler: dans le métro. Là où ce spectacle serait le plus utile, me semble-t-il, c’est à l’Assemblée Nationale, mais je doute qu’on nous y invite…

En attendant vous pouvez toujours commander le texte ici: http://www.lansman.be/editions/publication_detail.php?rec_numero=1285&prix=10.00&session&fbclid=IwAR3lMY7bEkmUDesLGm_wrGLsuee6Q_EnxApg5G_Zy2UkxLm5sYpzuxX3J7E

En parallèle des préparations pour Un Bon Petit Soldat, Florence Tosi et David Mallet ont brusquement décidé de reprendre « l’amour existe » dans la mise en scène que j’avais faite il y a trois ans pour les vingt ans du Théâtre du Nord-Ouest (où cela avait été créé avec Anne Coutureau et Yvan Garouel en 1999). J’ai donc repris les répétitions avec eux. Avant la dernière décision de garder les théâtres fermés, j’envisageais donc de fêter Noël 2020, guidé par mon sens habituel de la demande du public et mon infaillible opportunisme commercial, avec une pièce sur un attentat islamiste et une autre sur le meurtre de deux enfants. Les foules devront attendre, ce sera pour plus tard, mais nous ferons néanmoins notre répétition générale de « l’amour existe » le 19 janvier à 18h au TNO.

La crise sanitaire a aussi eu raison de Scènes sur Seine, un événement organisé par le Synavi où la compagnie devait présenter un extrait de Macbeth devant d’éventuels partenaires et acheteurs. Cela se fera finalement peut-être en mars prochain. Ce sera un peu tard pour financer nos répétitions qui ont quand même pu commencer, septembre dernier, par une belle résidence au 104. Cela nous a permis d’aborder le travail sur le texte et d’esquisser un début de mise en scène.

Cette immersion dans Shakespeare est le début d’une grande aventure qui nous pousse à nous améliorer et à devenir plus exigeants dans tous les domaines : écriture, mise en scène, jeu; sensibilité au texte, utilisation de la voix et du corps, incarnation du verbe, écoute de l’autre. En nous mettant au service du texte et en acceptant les contraintes et la discipline des vers, nous découvrons notre propre potentiel et décuplons des forces inouïes. Nous ne faisons que commencer et nous irons de plus en plus loin. Nous finirons les répétitions avec une résidence de création au Théâtre de Champs sur Marne en mai, juste avant les quatre semaines de représentations dans la grande salle de L’Epée de Bois du 3 au 27 juin.

Comme d’habitude nous manquons d’argent, mais cette année nous sommes en bonne compagnie, ce qui fait que nous avons encore moins de chance d’obtenir les aides dont on a besoin. Vous pouvez adhérer à la compagnie et faire des dons en suivant les instructions sur ce formulaire : Cie-Body-and-Soul-formulaire-dadhésion

Nous sommes en crise, certes, mais d’une certaine façon nous l’avons toujours été, alors ne nous plaignons pas, profitons de ce temps d’arrêt pour nous ressourcer et pour revenir plus forts et mieux armés pour fêter l’ouverture prochaine des théâtres et des esprits.

2020 est mort, vive 2021!

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